vendredi 12 décembre 2008

A la pharmacie et ailleurs

Aujourd'hui, je dois appeler la pharmacie pour qu'elle me réserve mon traitement. Je dois appeler la veille pour l'avoir le lendemain. Alors je m'enferme dans mon bureau, je parle tout doucement..."Bonjour c'est Mademoiselle Elisabeth, j'appelle parce que j'aurai besoin du truvada, du sustiva et du bactrim s'il vous plait"
Eux, les pharmaciens, ils font comme si c'était normal. Mais, moi, quand je viens chercher le traitement, tout le monde me reconnait et les médicaments m'attendent dans un petit sachet opaque.
Quand je vais à la pharmacie, je fais attention à ma tenue, je me maquille et je me parfume légèrement...je me rends "digne" de moi ! C'est comme si je sentais déjà les préjugés se posaient sur moi, comme si j'entendais les chuchotements des pharmaciens entre -eux "ah, c'est elle qui a le sida....oh la la...". Alors bien sapée, j'ai l'impression que je suis mieux armée pour le supporter. Peut-être que je psychote, peut-être qu'ils s'en foutent royalement et peut-être même qu'ils se frottent les mains en me voyant arriver. Vu le prix du traitement, j'imagine qu'ils se font une bonne com' !

Mon traitement coûte plus de 800€ par mois. Vous imaginez ça, vous ? Quand j'ai vu le prix la première fois, ça m'a déprimée profondément.

Tout d'abord parce que si l'état ne me remboursait pas, je serai déjà une SDF, même si je crée de la richesse dans ce pays en travaillant, le prix du traitement n'est pas loin d'un SMIC ! C'est énorme.
Ma vie est donc dépendante du bon vouloir de l'Etat. Car le jour, où ils ne rembourseront plus, je n'aurai plus qu'à attendre que le virus se développe à nouveau laissant la porte grande ouverte aux maladies infectieuses Maladies dont je crèverai sans aucun doute possible.

Ensuite, parce que, mon Dieu, je suis née sur le bon continent, dans un pays riche comme on dit, qui plus est le pays avec le meilleur système de soin au monde ! Et je ne peux pas m'empêcher penser aux contaminés en Afrique et ailleurs qu'on laisse crever faute de moyens...

Et ça, ça me déprime profondément.

2 commentaires:

  1. Je découvre ton blog aujourd'hui, et j'en suis vraiment touché.
    C'est sur ce message, au hasard presque, que je laisse ce commentaire, mais ça aurait pu être sur un autre.
    Ah non, pas au hasard... Juste pour indiquer que sur les 800€ les laboratoires doivent faire de somptueux bénéfices. Immoral, amoral... mais tellement réel...

    Continue à témoigner comme tu le fais. C'est important que tout le monde comprenne mieux ce qu'implique cette maladie.

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  2. Bon, c'est sûr que cet article date un peu, mais j'y laisse ma réponse quand même, je sais pas si tu la liras... Je suis tombée "par hasard" sur ton blog récemment et suis en train de tout lire petit à petit. Pas de pitié, juste de l'admiration, pour la façon dont tu affrontes cette double maladie (le virus, et le regard des gens...).
    Si j'ai choisi cet article pour te laisser un message, c'est que je suis étudiante en pharmacie. Et, je t'assure, je n'ai jamais vu aucun pharmacien critiquer ou juger un malade HIV+. Je ne dis pas que ça n'existe pas, hein, mais tous ceux que j'ai vus ne faisaient aucune différence avec les autres malades. Voila, si ça peut un peu te rassurer...
    Et puis pour le prix, eh bien non, on ne gagne quasiment rien sur ce genre de médicament, pour la simple raison qu'ils sont déja extrêmement chers donc que le prix public est fixé (pas par le pharmacien!) avec la marge la plus basse possible. C'est pour cette raison de prix aussi, et parce qu'on n'en vend que très très peu, qu'on ne peut pas se permettre de stocker les boites, et qu'il faut les commander à chaque fois...
    Allez, j'arrête mon roman... Mais je continuerai à suivre ton blog ;-)

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