mercredi 13 mai 2009

et un pas en arrière


Les faits : Charge virale à 53 copies.
Qu'est ce que ça veut dire ? Que je ne suis plus indétectable de 3 malheureuses copies.
Et donc ? On repart dans le cycle de l'attente. 1 mois et demi encore à attendre.
No Baby.

Je suis déçue. Je pensais vraiment que cette dernière étape n'était qu'une formalité.
Je suis triste. Je voulais rendre Thomas heureux.
Je suis lasse.

Dans ma voiture, je pleure. Je ne m'arrête plus.

C'est rien un mois et demi de plus. Je suis consciente de ça.
Un pas en arrière, c'est reculer pour mieux sauter, n'est-ce pas ?
Et bla bla bla.
Je crois que c'est plus profond que ça. je crois que je suis épuisée.

Je pleure ma culpabilité, ma colère, ma fatigue, ce combat.
Mon désir d'enfant n'est-il pas que le reflet d'un désir de normalité ?
N'est-ce pas pathétique ? Bien sûr que oui.
Je veux être "normale" pour me dire que j'ai encore le droit de vivre, même avec cette merde dans le sang.
Je voulais 2 enfants, je voulais qu'ils ressentent ce lien d'amour indéfectible, comme celui que j'ai avec mon frère.
Être 2. toujours.
Je crois que je vais renoncer. N'en faire qu'un. Ne pas prendre trop de risque.

J'ai bientôt 35 ans, un mec depuis des années. Tout le monde se demande pourquoi j'ai pas d'enfants.

PARCE QUE J AI LE SIDA


J'ai pas le droit à l'amiosynthèse. J'ai pas le droit d'allaiter.
J'ai le droit de prendre mes médocs ou de crever.
J'ai le droit de mettre un préso et d'être un venin sur pattes.

Et avec ça, il y a une connasse qui me demande de la prendre en photo avec son gros ventre.
"je me kiffe enceinte"
CONNNASSSSSSE, tu ne vois pas que je suis en souffrance?
Tu ne vois pas que J'AI LE SIDA ?
Bah non, tu ne vois pas.
Alors je dis oui, pour enfoncer encore plus la douleur et les mensonges dans mes tripes et dans mon âme.

Bientôt, ça fera un an.
Un an que je suis rentrée à l'hosto.
Un an qu'une médecin m'a annoncé cette merde.

Je suis dans ma voiture, je pleure.
Dans 5 minutes, je suis chez moi avec Thomas.
Il ne faut pas qu'il me voit comme ça.
J'essuie mon mascara.
Je mets de la musique rythmée à fond, comme une vieille ado.
Je me calme.
J'arrive dans le parking.
Thomas est là.
Je pensais que je bénéficierai du temps de l'ascenseur pour effacer ma peine.
Mais il est là. Il sourit. Il est beau.
C'est trop tard. Je pleure à nouveau.

C'est ma faute tout ça, un jour j'ai laissé un connard me filer son virus.
C'est ma faute. Je suis désolée de te faire vivre tout ça.
Tellement désolée.
"T'es désolée de n'être qu'une pleurnicheuse", dit-il pour dédramatiser.
Je souris. Son regard reste triste.

Ce billet est un peu décousu, à la hauteur de ma confusion.
Aujourd'hui, je me sens moche, vieille, malade, et profondément triste.
J'ai le cœur lourd de mes larmes.
Je suis épuisée de me battre.

Mais ne vous inquiétez pas.
Demain ça ira mieux...demain...

9 commentaires:

  1. J'ai découvert ton blog et ton histoire hier..

    Que te dire.. Que rien qu'en le lisant, j'ai été très émue de ta volonté de ton courage, de ta ténacité dans l'adversité.. Du fait que tu oses laisser couler tes larmes, que non, tes moments de faiblesse ne te rendent pas toujours plus fortes..
    Du fait d'etre comme tout le monde, avec tes doutes et tes angoisses..

    Tu es très courageuse d'affronter cette saloperie comme tu le fais, en essayant de le cacher pour mieux le vivre... Il serait parfois tellement plus simple de laisser libre cours à tout...
    Je ne sais pas comment t'apporter mon soutien.. j'ai peur que tu le prennes pour de la pitié. Ca n'en est pas... Bien au contraire.. Mais évidemment ce ne seront toujours que des mots, c'est toujours toi qui doit affronter la dure réalité...

    Je tiens simplement à t'annoncer que quelque part au fond de moi .. tu es là.. et je pense à toi.. Je vais essayer de te donner un peu de force en plus (tu en as déjà énormément)..
    En un mot comme en cent.. bon courage Elisabeth.. du fond de mon coeur..

    RépondreSupprimer
  2. aller du courage ma belle ! Y'a pas de raison elle va baisser cette CV et bientôt tu te plaindras des nausées, de ton ventre qui se gonflent des jambes lourdes etc...

    RépondreSupprimer
  3. Merci de partager ce que tu ressens. J'ai découvert ma séropositivé il y a peu de temps, alors forcément, ce que tu écris me touche beaucoup.

    RépondreSupprimer
  4. parfois on n'a pas les mots, tout simplement. J'ai moi aussi découvert ton blog il y a peu et j'aime ta façon d'aborder ta maladie, la franchise de tes posts. alors ce soir, te sentir si mal et ne rien pouvoir faire, c'est difficile. Sache au moins qu'on est nombreux à penser fort à toi, même si c'est loin de t'aider.

    RépondreSupprimer
  5. Ah nan hein !
    Bordel, j'ai tapé sur les gongs comme une connasse exprès pour toi !
    Alors tu vas vite sécher tes larmes et tu attendras le mois prochain.
    Il va arriver le grumeau ;)
    C'est Bouddha qui me l'a certifié...
    Des bisous sur ta face.

    RépondreSupprimer
  6. Lectrice muette de ton blog depuis 3 mois, je pense à toi et t'envoi tout mon soutient pour cette nouvelle épreuve.

    Tu arrivera à avoir cet enfant, j'en suis persuadée.

    M@rie

    RépondreSupprimer
  7. @Shanai57 : quel autre choix que celui du courage ? Merci beaucoup pour ton petit mot.

    @Milo : Oui, je vais y arriver. C'est juste que c'est lourd à gérer, c'est parfois dur de garder le sourire, la pêche.

    @Anonyme et M@rie : vos messages m'aident plus que vous ne le croyiez... Merci du fond du coeur.

    @Sonia : Vive Boudha ! :-))))
    Merci pour ce petit mot qui m'a fait sourire... T'as trop la top classe du gloss, toi !

    RépondreSupprimer
  8. Ce ne sont pas 4 copies ridicules qui vont avoir le dernier mot. Allez, courage, très bientôt cela ne sera qu'un mauvais souvenir.

    RépondreSupprimer
  9. :) Pleurons, Rageons, et laissons passer tout ça avec de la musique... Comme quand on était adolescente, ça fait du bien parfois, ça libere. Et oui, demain ça ira mieux.... Encore une fois courage !!

    RépondreSupprimer