mardi 6 décembre 2011

Une seule journée

Et voilà, la journée mondiale du Sida est passée.

Les médias nous ont bien rappelé les chiffres, le nombre de contaminés, le nombre de contaminés qui s'ignorent... mais pas d'appels aux dons. Enfin, j'ai rien entendu en ce sens. On a bien eu un discours sur les progrès de la médecine et les connaissances de la maladie. J'ai entendu un "les contaminés vivent une vie normale".
Mais aucun "donnez des sous pour vaincre la maladie une bonne fois pour toute".
Est-ce que ça me révolte ?
Pas vraiment...
Ca confirme juste la tendance à dédramatiser la maladie, à la rendre "moins" importante. Ca explique surement que les jeunes n'ont plus peur d'attraper le VIH.
Et ça, ça me révolte.
Personne n'a dit que ce n'est pas anodin d'avoir une maladie incurable dont on ne peut pas parler.
Personne n'a dit que les effets secondaires de la tri-thérapie existent bel et bien.
Personne n'a dit que vieillir avec le VIH, ce n'est pas drôle.
Personne n'a dit que de faire des enfants sains nécessite une force et un parcours sans faute, etc.

Personne...pas même la seule journée dédiée au Sida.

4 commentaires:

  1. Si, si moi je l'ai dit… Mais bon cette journée s'est banalisée comme toutes les autres… Il y a bien longtemps que la manif du 1er décembre n'attire plus personne, hormis quelques vieux militants qui font le compte de ceux qui restent. L'épidémie peut être éradiquée. Aujourd'hui on le sait. Mais ceux qui ont les clés, le souhaitent-ils vraiment ? Il est loin le temps des "lumières contre l'oubli", du "patchwork des noms" pour se souvenir de tous ceux qui nous ont quittés prématurément à cause de cette saloperie de virus. La lutte s'essouffle, les budgets aussi. Ne lâchons rien !

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  2. Alors, je vais me faire l'avocat du diable... Car je pense que c'est comme ça que les gens raisonnent... Attention, j'avance des contre-arguments qui sont ceux des autres, sûrement pas les miens !!!
    Tu dis :
    -"personne n'adit que vieillir avec le VIH ce n'est pas drôle"... Eux voient que désormais on peut vieillir avec le VIH...
    -"personne n'a dit que faire des enfants sains nécessite une force et un parcours sans faute, etc"... Eux (toujours EUX les décideurs, ceux qui pourraient faire quelque chose) voient que finalement on peut faire des enfants sains...
    Conclusion : tu peux avoir des enfants sains, tu peux vieillir et donc voir tes enfants grandir... Il est où ton problème ? (Attention, toujours, ce n'est pas ce que JE pense, c'est ce qui doit être dans l'esprit des autres, je suppose, pour qu'ils se sentent si peu concernés)...
    Et puis, ce n'est pas comme la myopathie : ce sont, pour la plupart des adultes qui sont touchés (et sûrement par leur faute, ils n'ont pas été prudents, ils ont une sexualité "anormale", etc...).
    C'est horrible à dire mais un enfant malade est vendeur !!! Pas un adulte responsable qui a cherché les emmerdes en ayant une vie dissolue !!!
    Eh oui, les clichés ont la peau dure !!!
    En tout cas, ce jour-là, j'ai pensé à toi... A tes enfants et je me suis dit que ton combat et celui de tous les autres était loin d'être teminé !!! Car pour lutter contre la connerie humaine et l'étroitesse d'esprit, il allait falloir encore beaucoup de courage !!!

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  3. Vous avez été contaminée très récemment, et comme vous le savez , vous allez vivre très longtemps.
    J'ai été contaminé avant juillet 1986 ( au plus tard ), et j'ai vécu des années avec la certitude fausse de mourir à petit feu sans aucun espoir autre qu'une foi très personnelle dans la possibilité de survivre.

    Nos séropositivités ne sont pas comparables , et après l'expérience que j'ai vécue, je vous vois volontiers comme une privilégiée qui se plaint pour pas grand chose, tant vos angoisses sont dérisoires en comparaison de l'ancienne expérience de la séropositivité. En vous lisant , je pense à cette actrice humoriste dont j'ai oublié le nom, qui a fait un film où elle campe une femme mûre, très bourgeoise et très conservatrice, qui un jour se réveille ....noire de peau ! le drame de sa vie, l'impensable , l'exceptionnel vient d'arriver. Odette Cléry ou quelque chose comme ça.

    N'importe qui de "normal" sait le sens du mot bouc émissaire, et est soumis à la mode du "crime sexuel". La solidarité de façade ne trompe personne, et d'un coup d'un seul on passe du mauvais coté. Bien entendu, après avoir soi même merdé sans préservatif. On ne cherche pas à savoir qui est le contaminateur, car dans le cas où la personne ignorait sa propre séropositivité, qui est alors responsable sinon soi-même, au moment du refus du préservatif !

    Bien consciente de votre faute, il faut vous racheter, gagner la rédemption ( on a peut-être contaminé après sans le savoir ! )....et en même temps montrer patte blanche en société : vous mettez une capote et conseillez d'en mettre, que d'autres ne fassent pas cette erreur que vous reconnaissez !

    Cette réaction, cette stratégie, morale en apparence, est le signe de la défaite , de la banqueroute personnelle, c'est rajouter une faute réelle à une faute imaginaire, et se donner bonne conscience grace à l'image positive que l'on reçoit des gens bien pensants, mais qui en réalité pensent au plus mal. Le réconfort que l'on reçoit d'eux est le meilleur moyen de ne pas voir à quel point on tombe de plus en plus bas. J'ai échappé à ce piège, dès le début je n'ai pas jouer ce faux jeu de la rédemption par la bassesse convenue du langage de la meute reconnaissante, et du haut de mon expérience aussi longue que complète, je juge , je conseille et j'énonce. Tout est à revoir dans votre blog et dans l'approche de votre avenir ou du rôle positif que vous désirez ardemment poursuivre.

    Le fait de tenir un blog est l'étincelle de survie qui vous classe dans la catégorie des gens récupérables. Mais aucun des thèmes sérieux n'a été abordé de façon efficace.

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  4. Bonjour,

    J'ai une question pour vous JCM :

    Faut-il classer, noter, comparer ou hiérarchiser les souffrances ?

    Je vous cite :
    " Nos séropositivités ne sont pas comparables , et après l'expérience que j'ai vécue, je vous vois volontiers comme une privilégiée qui se plaint pour pas grand chose, tant vos angoisses sont dérisoires en comparaison de l'ancienne expérience de la séropositivité."

    Je ne vois pas l'utilité d'une telle démarche, peut-être pouvez-vous m'éclairer ?

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