mardi 30 juin 2009

RDV Dr Gygy

J'appelle l'hôpital pour prendre RDV avec Dr Gygy qui doit me suivre pendant ma grossesse.

Il y a 3000 services pour la maternité : service "mère-enfant", service "t'es enceinte", service x, service y,etc.

J'appelle un 1er secrétariat qui me renvoie sur un autre. De là, j'ai une conversation assez surprenante avec la secrétaire. La voici, à quelques détails prés :
-Bonjour, je souhaiterai avoir un RDV avec le Dr Gygy car je suis enceinte et elle me suit.
-Le docteur Gygy ? Mais son planning est plein jusqu'en novembre...
-euh?!? ça veut dire qu'elle ne peut pas me suivre ?
-Et bien, vous n'avez pas un gynécologue qui vous suit ?
-Bah, c'est le Docteur Gygy ! Elle me suit depuis un moment parce que je suis séropositive...
-Aaaaaaah, fallait le dire tout de suite, je vous transfère dans le service adéquat.

Et là j'ai effectivement pu avoir un RDV avec le docteur Gygy mais avec au moins 4 heures d'attente m'a t-on dit !

ça démarre bien :

1. Je dois annoncer que je suis séropositive d'emblée : "bonjour, je suis séropositive et enceinte!"
Super ! Je dois porter un badge aussi ?

2. Il n'y a que cet hôpital pour me suivre, avec des taux de transmission à l'enfant proche du 0, mais avec des heures d'attente incroyables. J'ose pas imaginer l'accouchement...

Et sinon :
je suis dans ma 4ème semaine, j'ai toujours les seins énooooormes et le ventre gonflé. Pour le moment Nanard semble s'accrocher.... A suivre.

mercredi 24 juin 2009

Mao, mon grand frère

En mars, je vous raconterai l'annonce de mon VIH à mon frère et ma mère. (ici)

Mon frère, Mao, prend aujourd'hui la parole, comme Noémie il y a peu. Il raconte comment il a vécu l'annonce. Je me rends compte qu'à 6000km de moi, ce ne devait pas être évident.

Petite précision : je n'avais pas peur de sa colère, j'avais peur qu'il s'effondre. Mais comme je disais précédemment, mon frère est de ces hommes qui pensent qu'il ne faut pas pleurer en public. Jamais.
Son texte est à son image : brut de pomme et honnête.
Et je l'aime toujours inconditionnellement.

Voici donc sa lettre
:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Elisabeth et moi c'est une vieille histoire... Ca doit faire 35 ans que l'on se connait.
Nous avons à peine un an de différence : elle a toujours été dans ma vie, j'ai toujours été dans la sienne.
Nous avons toujours été là l'un pour l'autre, même lorsque les parents avaient démissionnés...

Au début de cette histoire, une grossesse : chouette ! cool ! enfin !
Cet enfant sera comme le mien !

Ah elle l'a perdu ?!? Bon ben ça arrive, 1 grossesse sur 4 échoue dans les 3 premiers mois.
C'est connu, c'est dans les stats, même un ami gynéco m'avait confirmé le fait.

Hein quoi un rhume ?!? Oui bon ben ça arrive...
Hein quoi le rhume s'est transformé en bronchite ?!? Oui bon ben pourquoi pas...
Hein quoi c'est devenu une pneumonie ??!? L'homéopathie c'est de la merde, on le savait, faut changer de médecin,
on se repose et puis ça va passer ... Ah ? Ok!!
Hein quoi t'es à l'hôpital ?!? Oui c'est grave une pneumo... mais toi ca va ? rien de grave ? bon OK.

Petit mail du père (copier-coller) "T'es au courant pour Zabeth ?"
Ma réponse :
"??? Quoi pour Zabeth ?
Une bronchite ?
Ça, c'est aggravé ?"

Puis autre mail de moi 5 mn plus tard (le temps de la réflexion) : "Si tu voulais faire plus alarmant, tu ne pourrais pas..."
Là s'en suit une crise du père, il est en plein de délire, je ne réponds pas.
En tout cas, appel à la frangine, j'ai un peu peur, la gorge serrée, j'ai pas envie de la perdre, c'est quoi le message du père, ça veut dire quoi ?
Ça va ? ça va ! T'es sûre que ça va ? Tu n'as pas besoin que je vienne ? Non non ça va !!

Bon ben ça va, je vais la croire... Quelques appels les jours suivants, elle est guérie tout va bien !

Arrive ensuite l'été: Elisabeth doit venir me retrouver chez des amis dans le Sud.
Ça fait un an que nous ne nous sommes pas vus.
Je la trouve un peu bizarre, tendue... Pas à l'aise... Pourtant ces amis, elle les connait depuis longtemps, elle les adore.. Mais là juste un petit bonjour de courtoisie, un peu de présence pour ne pas être malpolie et départ.
Dans la voiture, l'ambiance est... bizarre, on attend qu'il se passe qq chose...
A peine sortie du village, une fruiterie avec un parking. La voiture est vite garée: elle doit me dire qqchose...
Oulala... De quoi s'agit-il.. et puis je vois qu'elle n'est vraiment pas bien, la bouche déformée par les sanglots
coincés dans la gorge... Putain y a eu un décès dans la famille: mon père !
Les pleurs sortent en même temps que les mots : elle a le sida.

Dans ma tête 2 sentiments mélangés:
* MERDE ! un gros MERDE géant ! celui de la fatalité, celui que l'on voulait éviter, celui qui arrive après
"jusque-là-ça-va ". MERDE.
* Ouf, c'est que çà !

Ben oui c'est que ça, elle est vivante, elle est là dans mes bras, c'est elle que je serre, il n'y a rien de changé.
On ne meurt plus du sida de façon fulgurante dans d'affreuses douleurs...
Je ne sais pas de quoi elle avait peur... Que je crie, que je la renie, que je l'engueule...
Ben non, devant sa douleurs il n'y avait pas d'autre réaction que de la serrer fort et lui
dire "je t'aime".

Je ne sais plus ce que j'ai dit.

Mais voilà elle est vivante, c'est le principal. Le reste ? ben, c'est du détail.

Le reste du voyage a été tranquille plus serein, on en a parlé un peu, pas plus que cela, il me semble.

Depuis, la vie suit son cours... J'y pense régulièrement, je pleure sur ses posts, je sais qu'un jour ce sera
dur, il va y avoir une fin, peut-être plus proche que pour d'autre, certainement trop tôt, certainement pas belle,
certainement que nous ne finirons pas nos jours ensemble dans une grande maison à la campagne...

Mais peut-être qu'elle va simplement se briser les cervicales en glissant sur une peau de banane.
Ou alors j'aurais une crise cardiaque et je mourrais avant elle...

Mais aujourd'hui, il n'y a rien de changé, les traitements sont bien supportés, le colloc se tient tranquille,
et d'ailleurs il y a tellement de place dans ce corps là , qu'ils y vivent maintenant à trois
avec un petit Bernard l'hermitte... On croise les doigts...

Mao.

lundi 22 juin 2009

J'ai encore un secret...

J'ai encore un secret à vous dire... mais celui-ci est sympa.

Tout a commencé il y a quelques jours.

Vendredi matin, plan serré dans la salle de bain.
Moi :" j'ai les seins énormes là, je vais avoir mes règles. Regarde !"
Thomas : "euh, t'es pas plutôt enceinte ?"
- mais non, j'ai fait un test il y a 10 jours. Par contre, ils sont supers durs mes seins, ça me fait mal. Touche ! (je suis en plein palpage mammaire, super concentrée)
- t'es enceinte ! Vas acheter un test !
- tu me mets le doute, là. je suis sure que je ne suis pas enceinte.
- ......
- Ok, je vais acheter un test.

Alors aujourd'hui, il y a des tests de grossesse qui ont viré le principe de la bande bleue/pas bleue.
Aujourd'hui le bidule t'écrit carrément dans une petite fenêtre "enceinte" ou "pas enceinte"... et si tu attends encore ça te dit le nombre de semaines. Les progrès !

Samedi matin.
Je file aux toilettes. Je prends le test. Je vérifie que je n'ai pas mes règles. Ce serait bête de gâcher un test.
Non. Bon, je fais pipi sur le test. Et j'attends.
Au bout de 30 secondes, il affiche "Enceinte" !
Je me frotte les yeux. Je cris "noooon, c'est pas possible !" avec un énorme sourire.
Je dis à Thomas : Attends, attends...les 3 minutes ne sont pas écoulées, il a du se planter...
3 minutes plus tard, le test affiche "Enceinte, 2-3 semaines"

J'y croyais pas.
J'en aurai pleuré.
je tombe dans les bras de Thomas ému.
On était tout content.
Adieu les seringues, les déceptions... On va pouvoir faire l'amour, penser à nous.

Un peu angoissés aussi.
On s'est dit qu'on ne le dirait à personne.
On s'est dit qu'on ne se projetterait pas avant les 3 mois
On s'est dit qu'en attendant les 3 mois, on n'avait qu'à se dire que j'avais un Bernard l'hermitte dans le ventre.
Comme ça, s'il se sent mal dans ce ventre de séropositive, dans mon ventre, et bien je pleurerai moins.

Je vous le dis, mais ne le dites à personne... ça pourrait me porter la poisse !

jeudi 18 juin 2009

Thomas, ce blog et les proches

Un soir. Plan détente dans le canapé.
Moi : "Tu sais, j'ai plein de lecteurs sur mon blog et plein de commentaires très sympas."
Thomas : " Ah bon ? .........je ne l'ai jamais lu ton blog."
- Non.
- Tu ne m'as jamais donné l'adresse.
- Tu ne me l'as jamais demandée. Mais je ne t'oblige pas. Tu fais vraiment comme tu veux.

Le lendemain. 17h06. Mail de Thomas.
Chérie,

j'ai sauté le pas, j'ai trouvé ton blog
mais j'ai pas pu finir, le ventre est noué et j'ai envie de pleurer, j'ai les larmes aux yeux...
je peux pas, c'est trop d'émotions, ça me rappelle notre découverte à l'hôpital.

17h28. il me répond après que je l'ai invité à écrire un billet.
En fait, pour tout te dire, j'avais commencé à écrire quelque chose pour décrire ce qui nous était arrivé.
Mais la précision des mots que tu utilises m'a démoli de vérité.
donc pour le moment, pas de billet pour moi.

Je me suis sentie démunie. Incapable de soulager sa douleur.
Complètement perdue. Il y avait comme un bourdonnement dans mes oreilles.
Vous avez lu ? il dit : "pour décrire ce qui nous était arrivé". Il s'inclut dans l'histoire. Il me signifie qu'il est là, qu'il l'a toujours été.
Panique douloureuse. Je lui ai fait vivre des moments difficiles. Je me sens désarmée. Comment l'accompagner ? L'aider ?
L'aimer ? Ne pas culpabiliser ? J'essaie terriblement.

Souvent les personnes entourant les séropositifs ne sont pas encadrées, parce que souvent elles disent que ce ne sont pas elles les malades, qu'elles n'ont besoin de rien. Mais elles aussi prennent la nouvelle de plein fouet. Un gros crash dans leur tête, leur sentiment, dans leur vie tranquille qui ne les avait pas préparé à ça...
Thomas a géré ça merveilleusement. Ma famille, mes amis aussi.

Merci à vous !
C'est fou ce que je vous aime.

lundi 15 juin 2009

Je suis une fille ordinaire...

Le commentaire de Mao sur mon précédent billet m'a inspiré celui-ci.

Comme il est dit sur mon profil, j'ai crée ce blog pour du VIH, de ma vie avec ce virus, etc.
"J'ai appris ma séropositivité en juin 2008. Un cataclysme. L'envie de parler est venue très rapidement. J'écrivais des journées entières avant de me décider à ouvrir ce blog. L'idée est de vous raconter cette maladie effrayante dont on nous déconseille de parler, avec ces tabous, ces questionnements et toutes ces culpabilités...en espérant que vous verrez cette maladie un peu différemment, un peu moins effrayante...un tout petit peu, déjà. "

Cet espace est dédié à ça uniquement.

Mais en vrai, je reste une fille ordinaire avec ses rêves et ses contradictions.
Oui.

Si vous me croisiez au cours d'une soirée, un verre de champagne à la main, et que nous discutions, je ne me présenterai pas à vous comme séropositive. Je n'y penserai pas une seconde.
Je ne veux pas que mon identité sociale soit associée à mon carnet de santé.
Autrement dit, je ne considère pas le VIH comme partie intégrante de ma personnalité.
Mon fichu caractère, mes goûts, mes envies, je les avais déjà avant le VIH. Ce dernier a juste changé ma vision sur certaines choses et me fait réfléchir sur moi (ce que je faisais déjà avant, ce n'est pas Mao qui me contredira).

Je suis autre chose qu'une séropositive. Je suis une fille ordinaire.

Je vis avec le VIH (caché dans son placard), mais je continue, en vrac :
  • à sortir,
  • à rire,
  • à écouter de la musique,
  • à aller au cinéma,
  • me faire des petits week-end entre copines ou en amoureux,
  • cuisiner,
  • à lire,
  • réfléchir,
  • à voyager,
  • fantasmer sur Brady et Beneficio,
  • raconter des bêtises,
  • picoler,
  • complexer de mes kilos en trop,
  • rêver d'un Jérôme Dreyfus,
  • aimer les chaussures rouges et les converses,
  • trouver le bio et l'équitable 'ach'ment bien, mais ach'ment chers,
  • m'imaginer en faiseuse de fromage dans le Larzac,
  • ...ou en grande photographe,
  • ...ou en écrivain,
  • etc.
C'est juste que ce blog n'a pas pour objectif de vous raconter ma vie ordinaire

Et je vais bien.

mercredi 10 juin 2009

Pardonne-moi...

On s'est rencontré, on s'est aimé, on s'est échappé et on ne s'est pas ennuyé.
Il y a un an je pensais que tu partirais. Tu es resté.
Depuis un an, je boude, je pleure, je suis en colère contre moi.
Depuis un an, je suis centrée sur moi, je me débats dans les eaux troubles de mon âme.
Je ne fais plus attention à toi. Je ne te ménage pas.
Je t'aime. Mais c'est toujours moi qui va mal.
Je t'embrasse. Mais j'ignore ton mal-être.

Je sais que tu désires cet enfant autant que moi.
Je sais que tu as du mal à feindre la joie quand on t'annonce encore et encore qu'une autre est enceinte.
Mais je crache mon venin quand même. Et toi, tu ne dis rien.
Jamais je ne te console.

Nous sommes 2, nous sommes toi et moi.
Pardonne mon égoïsme.
Pardonne-moi.
Mon amour.

lundi 8 juin 2009

Fécondation in seringue

La première fois que je suis tombée enceinte, ça a été super facile.
Thomas hésitait à se lancer dans l'aventure parentale. Je trépignais un peu.
Un week-end, il est parti voir ses potes. Grosse fête.
Moi, je suis restée seule. Balade, expo, peinture, ciné... Je retrouvais mes années solitaires.
J'étais zen, décontractée.

Nos retrouvailles ont été heureuses, amoureuses, enflammées.
Il a jouit en moi.
Surprise.
J'en aurai pleuré.

Et je suis tombée enceinte comme j'aurai pu tomber dans les vaps.

La triste suite vous la connaissez...
Charge virale qui explose. Fœtus mort.
etc.
C'est de mon échelle du bonheur que je suis tombée.

Aujourd'hui, rien ne peut plus être naturel.
Je dois regarder mon ovulation.
Je dois regarder son sexe.
Ne pas le prendre en moi.
Du fait même d'utiliser la seringue.

Je suis dans le rôle de la femme qui a du mal à avoir un enfant.
je dois donc observer mon corps, compter les jours, noter les dates.
Et attendre patiemment les 1ers signes d'une éventuelle grossesse.
Je pense que c'est raté pour ce mois.

On dit qu'il ne faut pas être obnubilé par cette envie,
que ça peut bloquer l'ovulation
je ne sais pas comment éviter cette fixation.

En attendant, on continue à tomber enceinte autour de moi.
je continue à sourire.
je fais semblant.
je mens.

et j'espère seulement ne pas mettre un an à chuter enceinte.

mardi 2 juin 2009

Week-end "ovulatoire"

En famille, tout le week-end...pile poil au moment de mon ovulation...
On a attendu toute la journée pour être seuls.
Dès que je croisais Thomas, je lui murmurais à l'oreille mon amour pour lui. Il comprenait mon excitation.
Sourire complice.

23h00, on s'éclipse enfin.
Nous rentrons vite.
On hésite, on se regarde, on sourit.
-"On y va ?"
-"Bien sûr", répond-il

J'attrape le bol, la seringue, je saute sur le lit...
.....
.....
.....
Thomas a appuyé sur la seringue.
Geste symbolique.

-"ça t'ennuie de le faire comme ça ?"
-"comment ça ?"
-"bah la seringue, tout ça....c'est pas super sexy"
-"non, pas du tout" me répond t-il en m'embrassant.

Après ça, égoïstement, j'ai eu beaucoup moins de mal avec cette femme enceinte qui voulait absolument que je la photographie nue. Le résultat est même plutôt joli.

Après ça, égoïstement, j'ai eu beaucoup moins de mal à expliquer que si je ne mettais pas encore de grossesse en route, c'est à cause des médecins qui préféraient éviter tout risque de malformation du fœtus après la quantité in-cro-ya-ble de médicaments que j'avais pris lors de ma pneumonie...

C'est le baratin que je raconte qui est in-cro-ya-ble...